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oh ! ce jour-là, quels torturants souvenirs, quelle plaie rouverte !— Mme Bernard apprit que le général de Voris était revenu du Tonkin.

Il lui avait écrit, à propos de la mort d’Armand, une lettre exquise de tact et de sensibilité, puis il n’avait plus donné de ses nouvelles, et, de retour à Paris, il s’était borné à déposer une carte chez Mme Bernard.

Mais bientôt celle-ci remarqua que plusieurs de ses amies prononçaient très souvent devant elle le nom de M. de Voris, et elle devina bien vite dans quelle intention. Le général l’aimait toujours, elle le sentait, elle en était sûre. Peut-être même n’était-il revenu en France que pour se rapprocher d’elle ? Il la savait seule au monde. Il devait se dire que, maintenant, elle voudrait peut-être l’accepter pour consolateur et pour mari, et, dans le cercle dont elle était entourée, il avait sans doute discrètement converti quelques femmes à sa cause.

Se remarier ? Recommencer sa vie ? La pauvre femme ne croyait guère que ce fût possible. Pourtant, comment n’être pas touchée par ce ferme et inaltérable amour, que rien n’avait pu