Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/386

Cette page n’a pas encore été corrigée

Cependant la ligue affectueuse qui s’était formée autour de Mme Bernard continuait son œuvre. A la longue, on l’avait décidée à mener une existence moins cloîtrée, moins sauvage. Cédant à de patientes et gracieuses sollicitations, elle consentit à recevoir et à rendre quelques visites, à se mêler même parfois à de très étroites réunions.

Il y avait déjà un an qu’Armand n’était plus. L’hiver était revenu. C’étaient des chrysanthèmes qu’Henriette apportait à présent, et Mme Bernard les trouvait souvent poudrées de neige.

Un deuil comme celui de cette pauvre mère ne pouvait pas se consoler, mais il devenait, grâce au temps, moins aigu, moins âpre. Cette douleur, qui devait être éternelle, n’était plus continuelle.

Oublier ! oublier ! c’est le secret de vivre !

a dit Lamartine dans un vers admirable qui exprime une amère vérité. Certes, Mme Bernard n’oubliait pas, mais enfin elle vivait.

Quelques semaines après la messe de bout de l’an célébrée pour le repos de l’âme d’Armand,—