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les travaux en personne, et quand, six semaines après le décès d’Armand, son cercueil fut retiré du caveau provisoire et déposé dans sa demeure définitive, Mme Bernard ne trouva pas encore la force et le courage nécessaires pour assister à la lugubre cérémonie.

Mais, le dimanche suivant, se trouvant un peu moins faible, elle voulut aller prier, pour la première fois, sur la tombe de son fils, et, après avoir entendu la messe à Saint-Thomas d’Aquin, elle monta dans son coupé rempli de bouquets et de couronnes, et se fit conduire au cimetière.

Elle avait tenu absolument à faire toute seule ce pèlerinage, s’était même opposée à ce que sa vieille Léontine l’accompagnât. Ayant pris des indications précises sur la place du monument, elle descendit de voiture, entra dans le cimetière, drapée de longs voiles noirs, les mains et les bras chargés d’hommages funèbres, chercha quelque temps sa route, puis, après avoir passé en revue plusieurs rangées de tombeaux, lut enfin de loin— avec quel horrible serrement de cœur !— le nom d’Armand Bernard gravé dans la pierre neuve.