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un premier et farouche instinct, fut doucement violée par de touchantes sympathies. On sut lui parler de sa douleur sans lui faire du mal, y toucher d’une main légère. Moins fière depuis qu’elle était si malheureuse, elle apprécia la douceur de se plaindre et d’être plainte, de sentir des mains amicales se poser sur les siennes, d’abandonner son front sur l’épaule d’une confidente émue. On ne pouvait la consoler, mais on la calma du moins, on lui rendit la vie moins insupportable.

Elle n’avait pas voulu qu’Armand fût transporté en province et enterré auprès de son père. C’était à Paris qu’elle avait encore quelques parents ; c’était à Paris que, pendant la maladie de son fils, elle avait senti circuler autour d’elle un courant d’estime et d’affection. C’était donc là qu’elle vivrait dorénavant, puisqu’il fallait vivre ; et elle ne voulait pas être éloignée de la sépulture de son cher enfant.

Elle lui fit construire un tombeau très simple au cimetière Montparnasse, mais elle resta pendant assez longtemps tellement malade de chagrin et de fatigue, qu’elle ne put surveiller