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bergère, baisse la tête, laisse tomber ses bras... Ah ! c’est fini ! Armand est mort !...

Armand est mort ! Un doigt invisible l’a désigné entre tous dans la foule humaine ; une haleine mystérieuse a soufflé sur lui ; et cet esprit lumineux, ce cœur brûlant d’amour, ce regard où flottait l’ombre de tant de beaux et doux rêves, ce foyer de jeunesse, cette flamme d’espérance, tout cela s’est éteint brusquement, comme tombe et s’éteint une étoile dans le sombre azur d’une nuit de septembre !

Armand est mort ! Dans deux jours, ses jeunes amis des écoles seront réunis autour de sa tombe ouverte. Théodore Verdier, sincèrement poète cette fois-là, lira quelques strophes émues, un touchant adieu. Ensuite les étudiants se disperseront à travers les allées humides et défeuillées du cimetière, en s’abandonnant à la fugitive tristesse dont est capable la jeunesse. Puis ils retourneront à leurs travaux ou à leurs plaisirs, et le souvenir du camarade disparu s’effacera peu à peu de leur mémoire.

Armand est mort ! Près des Invalides, on va suspendre un écriteau jaune à la porte d’une maison meublée. Dans peu de temps, « la