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où elle entrerait chez la mère Renouf. Les dernières nouvelles étaient si effrayantes ! « Fièvre intense. Le malade est très agité ». Qu’allait-elle encore apprendre de sinistre et de désespérant ?

Et cela durait depuis dix jours, pendant lesquels la pauvre fille avait vécu comme enveloppée d’une atmosphère d’épouvante.

Cependant, une des ouvrières de Paméla, qui jadis a eu la fièvre typhoïde et qu’Henriette a interrogée sur la terrible maladie, lui a dit que le danger de mort, après le neuvième jour, est, sinon tout à fait conjuré, du moins beaucoup moindre. C’est un préjugé populaire, mais l’espoir d’Henriette l’accepte passionnément. Elle veut croire, elle croit que la jeunesse d’Armand sortira victorieuse de la lutte, qu’il guérira, qu’il doit aller mieux déjà. Ce soir, c’est d’un pas plus assuré qu’elle court au quai Malaquais, c’est presque avec confiance qu’elle tourne le bec-de-cane de la loge.

Grand Dieu ! Sur la table ronde, à côté des cartes de visite amoncelées, elle ne voit pas cette feuille de papier, ce bulletin médical dont la vue seule la remplissait de terreur et sur lequel elle se jetait cependant avec une telle avidité ! La mère Renouf, l’air navré, se lève de sa vieille