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Il est malade, c’est vrai, mais c’est jeune, ça a du ressort. Il guérira, je le parierais... Voyons ! voyons ! remettez-vous... Oui ! je sais bien. Ces douleurs-là, ça fait beaucoup de mal, quand on a un sentiment... J’ai passé par là, et je n’ai pas toujours été une vieille ridicule qui élève des serins... Comment, vous pleurez toujours ? Eh bien, ma foi ! laissez couler l’eau. Après tout, il n’y a que cela qui soulage, ma pauvre enfant !

Et la grosse maman, tout attendrie de voir pleurer cette jeune fille et bien près d’en faire autant, attira sur sa large poitrine la jolie tête désolée et se mit à la bercer avec douceur.

Mère Renouf, vous n’étiez qu’une simple portière, et encore une portière comme on n’en tolérerait pas dans une maison qui se respecte. Votre loge empestait la cuisine à l’oignon et l’odeur chaude des cages d’oiseaux. Vous n’étiez qu’une vieille femme très commune et très vulgaire, et le nez compatissant que vous incliniez vers Henriette était tout barbouillé de tabac. Soyez pourtant bénie, mère Renouf ! car sous votre camisole d’indienne jaune à petites fleurs il y avait quelque chose de plus rare qu’on ne croit généralement, un cœur indulgent et bon. Et grâce à vous, cette