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donc ?... Vous êtes toute pâle !... Ah ! mon Dieu ! elle se trouve mal !

Henriette chancelle, en effet, frappée au cœur. La mère Renouf la fait vite asseoir dans sa bergère,— la large bergère où elle roupille, le soir, auprès de son cordon,— puis elle cherche son flacon d’eau de mélisse, ne le trouve pas, commence à perdre la tête. Mais la grisette qui défaille laisse alors tomber son front sur l’épaule de la brave femme, et, sans force pour contenir sa douleur, elle s’écrie, en fondant en larmes :

— Armand !... Mon pauvre Armand !...

Ah ! la mère Renouf n’a pas besoin de plus amples confidences. Un moment stupéfaite, elle a tout compris à présent. Mais elle a bon cœur, la vieille ! Elle a sans doute aimé tout comme une autre, dans son beau temps. Ça lui retourne les sangs de voir cette belle jeunesse qui a tant de chagrin, et elle fait de son mieux pour lui redonner un peu de courage.

— Comment, mam’zelle Henriette ? Monsieur Armand est votre bon ami ! En voilà une sévère ! J’ai bien peur, ma pauvre petite, que vous n’ayez fait là une grosse folie. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit... Et, d’abord, il ne faut pas vous désespérer.