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au fond d’une alcôve, l’édredon rouge d’un lit conjugal et que parfument, deux fois par jour, des préparations culinaires dont l’oignon est certainement la base. La concierge, la mère Renouf, est en parfaite harmonie avec l’apparence intime et patriarcale de son habitation. Cette grosse maman, sur le retour de l’âge, dont le mari, garçon de bureau dans un ministère, cire les escaliers tous les samedis, est presque toujours seule à garder la maison, et, pour charmer l’ennui de ses fonctions sédentaires, elle élève et soigne avec amour, dans une cage accrochée, le jour, près de la porte de la loge, et, la nuit, au-dessus du poêle, plusieurs dynasties gazouillantes de canaris et de chardonnerets.

Aux personnes, maîtres ou domestiques, qui viennent s’informer auprès d’elle de l’état d’Armand Bernard, la mère Renouf ne se borne pas à communiquer le bulletin médical, ainsi que le feraient, avec une réserve diplomatique, les hautains fonctionnaires, les portiers-gentilshommes de l’avenue de l’Opéra ou du boulevard Haussmann. Mais, bavarde et sensible, elle corrige la sécheresse de ce document par quelques réflexions de son cru, et s’attendrit, en style de concierge,