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Pas de réponse. Les gens du logis étaient allés, sans doute, travailler aux champs.

Le vagabond enveloppa sa main droite dans son vieux chapeau de feutre pourri, enfonça un carreau d’un coup de poing, tâta la serrure, qui s’ouvrait en dedans et n’était point fermée à clef, poussa la porte et entra dans la maison.

Il se trouvait dans une salle basse, évidemment la seule habitée du logis. Il y avait là le lit, la cheminée, la huche, le dressoir, la table, où traînaient une miche de pain, un couteau de cuisine et un paquet de tabac éventré ; enfin, la lourde armoire de chêne, celle où le paysan cache son magot, sa poignée de louis ou d’écus, dans un sac ou dans un vieux bas.

Pour la première fois de sa vie, l’homme venait de commettre une effraction, de risquer le bagne. Eh bien ! il fallait aller jusqu’au bout.

Il prit vivement le couteau sur la table et s’approcha de l’armoire, pour la forcer. Mais tout près du meuble, sur la muraille, un papier, dans un cadre de bois noir, attira son attention. Machinalement, il y jeta les yeux et lut d’abord ces mots imprimés : « 75e régiment d’infanterie ».

Il s’arrêta net.