Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/361

Cette page n’a pas encore été corrigée

n’est pas vaincue. La mère jalouse en est désespérée. Plusieurs fois, en causant avec son fils, elle a essayé d’aborder de nouveau ce pénible sujet, d’y faire au moins allusion. Mais Armand s’est alors enfermé dans un silence respectueux et sournois, a seulement rougi et baissé les yeux.

Cependant septembre a rempli les vergers de fruits mûrs. Les raisins se sont dorés sur les treilles. Octobre arrive avec ses brumes matinales. Il passe, il s’écoule. Déjà les arbres ont des feuilles jaunes. Puis, un matin, voici les pluies de la Toussaint, les pluies d’automne, lourdes et froides.

Mme Bernard n’a plus de raisons à donner à son fils pour le retenir davantage à la campagne. Les cours de l’École de Droit vont rouvrir. Il faut revenir à Paris, rentrer dans l’appartement du quai Malaquais.

Et, dès le lendemain du retour, la lutte sourde recommence.

On vient de se lever de table ; Mme Bernard s’assied à sa tapisserie.

— Tu sors ?

— Oui, maman.

Son fils est toujours l’amant de cette Henriette !... Oh ! comme elle la hait !