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les feuilles mortes si mélancoliques du précoce automne de Paris.

Elle s’étiolerait, elle finirait par tomber malade de chagrin, si, toutes les semaines, elle ne recevait une lettre d’Armand. Il ne peut la lui adresser chez elle, à cause de la vieille tante. Mais, chaque dimanche, Henriette, qui est libre ce jour-là, court chercher sa lettre, sa chère lettre, à la poste restante, devant le Petit-Luxembourg, et va bien vite la lire dans le jardin. Ah ! les calicots endimanchés qui se promènent de ce côté-là peuvent se montrer en riant cette jolie fille, absorbée dans sa lecture. Henriette se soucie bien d’eux ! Marchant lentement sous les marronniers à demi dépouillés, le long des terrasses florentines, devant des reines de marbre, elle lit, elle relit vingt fois les quatre pages où l’absent bien aimé a répandu toutes ses tendresses. C’est son soutien, son viatique, à la pauvre fille, cette lettre dont chaque mot lui caresse le cœur. Elle la gardera dans son corset toute la semaine, et la relira, chaque soir, avant de s’endormir.

La grosse affaire, par exemple, c’est de répondre. Du Luxembourg, Henriette retourne chez