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mois aux Trembleaux, propriété considérable qu’ils possédaient dans la Mayenne.

Les deux femmes attendaient avec anxiété l’heure de cette séparation. C’était pour la mère un motif d’espérance, pour la maîtresse un sujet d’inquiétude.

— S’il l’oubliait ? songeait l’une, dans une minute de sombre joie.

— S’il m’oubliait ? se disait l’autre, le cœur soudain gonflé d’un sanglot.

Armand avait doucement préparé Henriette à ce départ. C’était aussi cruel, aussi dur pour lui que pour sa maîtresse de renoncer aux haltes délicieuses dans le réduit d’amour, aux chères promenades à deux dans l’hospitalière bonté des nuits d’étoiles. Et comme il serait long, cet exil ! Mais le fils soumis ne pouvait se dispenser d’accompagner sa mère, et, après une soirée d’adieux où furent échangées d’ardentes promesses et versées de bien douces larmes, il dut partir.

Oh ! comme elle s’ennuie, comme elle est triste, la pauvre Henriette, dans ce Paris sec et brûlé de la canicule, aux rues presque vides, aux maisons muettes et aveugles ! Qu’elle est