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— Adieu, maman, je vais travailler.

Elle lui tend sa joue de marbre, et il se retire, plein d’ennui, dans sa chambre.

Mais, comme Henriette est occupée tout le jour chez Paméla, il ne peut la voir que dans la soirée ; et, bien des fois, à la redoutable question : « Tu sors ? » il est obligé de répondre : « Oui ». Sa mère pousse alors un soupir qui le crucifie, et il s’en va sachant qu’il la laisse solitaire et désolée, et s’accusant d’être un mauvais fils.

Le pauvre enfant n’était qu’un amoureux. Dès qu’il arrivait au rendez-vous, dès qu’il apercevait Henriette accourant vers lui sous les arcades et souriant de loin,— ah ! il faut bien le dire,— tout était oublié. Il ne vivait plus que pour les heures adorables qu’il passait auprès de sa jeune amie. Tout d’abord, pour ne pas l’inquiéter, il ne lui avait rien dit de son dissentiment avec sa mère. Mais deux amants vraiment épris peuvent-ils garder longtemps un secret l’un pour l’autre ? Un jour qu’Armand avait le cœur trop gros, il confia tout à Henriette.

Elle fut consternée. Entre elle et Mme Bernard la lutte lui semblait trop inégale. Elle se rappelait avec terreur cette mère imposante, cette belle