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la suite d’une série de brillants faits d’armes contre les Pavillons-Noirs.

M. de Voris ! Comme elle a été dure pour ce noble soldat, pour ce parfait gentilhomme ! Elle se rappelle sa longue fidélité, sa respectueuse attente. C’est le seul homme qui se soit autant approché de son cœur. Et pourtant, à cause d’Armand, elle l’a repoussé, exilé loin d’elle. Qu’est-il allé chercher sous ce climat meurtrier, dans cette guerre obscure et sans gloire ? L’oubli, peut-être la mort. Un de ces jours,— oh ! c’est affreux !— elle apprendra que ce héros qui l’a tant aimée est mort là-bas dans les fétides marécages, lentement consumé par la fièvre, ou bien qu’il a été hideusement torturé et mutilé par les hommes jaunes. Et ce sera sa faute, à elle ! Car c’est elle qui a désespéré M. de Voris, pour se dévouer toute à ce fils ingrat qui l’abandonne aujourd’hui.

Ah ! cruel enfant !

Elle touche le fond de la mélancolie. Elle a laissé tomber le journal sur le tapis. Devant elle, dans la demi-obscurité qui le transfigure, le grand portrait la regarde avec des yeux tristes et sévères, semble pleurer sur elle et lui reprocher