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demandant ce que cette malheureuse fera de toi, et jusqu’où elle pourra te mener. Va la retrouver, mon garçon. Je ne te retiens pas.

Mais elle s’interrompit en entendant son fils qui sanglotait.

— Tu pleures ! dit-elle d’une voix plus douce.

Il se jeta à ses pieds, lui couvrit les mains de baisers et de larmes.

— Pardonne-moi, ma mère chérie, murmura-t-il. Pardonne-moi, maman, de te faire de la peine... Mais, si tu savais !... Je l’aime !...

Ce mot arrêta net, chez Mme Bernard, l’attendrissement qui commençait à la gagner.

— Tu l’aimes ! dit-elle,— et son accent vibrait d’une farouche ironie,— tu aimes ma couturière ! Mais, malheureux enfant, ce n’est pas sérieux. Tu es fou !... J’avais espéré, oui, j’avais eu la niaiserie de croire que tu passerais purement et fièrement ta première jeunesse, jusqu’au jour où je t’aurais marié à quelque belle jeune fille. Cela, c’était mon illusion, je l’avoue, et tu la brises bien cruellement. Pourtant, je n’étais pas déraisonnable. J’étais prête à comprendre, à excuser un entraînement, un coup de passion. Vingt ans sont vingt ans, je le sais bien... Mais