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réunion d’étudiants ; et, le lendemain, il fut exact au rendez-vous.

Henriette avait passé toute la journée à travailler dans le célèbre atelier de la rue Castiglione, que connaissent bien les élégantes. Mais, dès que le repas fut terminé,— les ouvrières étaient nourries,— elle eut bien vite, en deux temps trois mouvements, plié sa serviette, mis son chapeau, dit bonsoir à tout le monde, et, filant comme une hirondelle, elle s’enfuit sous les arcades. Armand l’attendait depuis un quart d’heure. Elle reconnut de loin sa mince silhouette. Et tout de suite, bras dessus, bras dessous, unissant leurs mains, se touchant le plus possible, ils partirent, légers comme en rêve, vers leur nid d’amour.

Pendant une quinzaine, ils se retrouvèrent ainsi presque tous les soirs et ils vécurent des heures enchantées.

Comme ils s’aimaient ! Comme ils s’aimaient bien ! Oh ! certes, avec la joie et la folie de leurs jeunes sens, avec de rapides voluptés de colombes. Mais si tendrement aussi ! Pour Armand, Henriette n’était pas seulement la Femme, la Chimère qui incendie de son vol de flamme les rêves de tous les adultes, et qu’il avait enfin saisie et conquise. Elle