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moment et prolongeait sur sa bouche l’ardent baiser du départ.

Les amants s’étaient promis de se revoir le plus tôt possible. Mais Henriette ne pourrait plus recevoir Armand chez elle à l’avenir. En y consentant, elle avait même commis une grave imprudence. S’il ne s’était agi que d’elle, ah ! mon Dieu, elle se serait pas mal moquée des voisins et du qu’en dira-t-on. Mais sa tante allait bientôt revenir de l’asile des convalescents, rentrer au logis ; et c’était une excellente femme, qu’elle respectait et à qui elle ne voulait pas faire de peine.

Armand devait donc, sans retard, se mettre en quête d’un abri pour ses amours. Par bonheur, sa bourse d’étudiant studieux et rangé était assez bien garnie ; mais il n’en était pas moins embarrassé, dans son ignorance des ressources de Paris en pareille matière. Il prit le parti de s’adresser à l’un de ses camarades de l’École de Droit, nommé Théodore Verdier.

Cet aimable garçon, un peu plus âgé qu’Armand, avait l’habitude de le plaisanter sur ses mœurs austères, et parfois l’appelait en riant : « Mademoiselle Bernard ». Il demeurait,