Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/326

Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle lui avoua qu’elle ne s’était pas promenée quatre fois dans sa vie, peut-être, en voiture découverte. Aussi elle s’en amusa d’abord beaucoup et bavarda comme une gamine.

La campagne ? Elle ne la connaissait pour ainsi dire pas. En été, le dimanche soir, quand il faisait beau, sa tante emportait dans un panier une bouteille d’eau rougie et quelque chose de froid, et elles allaient dîner, en respirant le « bon air », sur les fortifications.

— Mais, n’est-ce pas, disait-elle, tant qu’il y a des cloches à melons et des grands tuyaux d’usines, ce n’est pas la vraie campagne ?

Quant au bois de Boulogne, elle y avait vu des sauvages très laids, au Jardin d’Acclimatation. Il y avait trop de foule, trop de poussière, et puis, il fallait attendre si longtemps pour reprendre le tramway ! Mais, le soir, cela devait être charmant.

Ils arrivèrent, à la nuit close, au rond-point de l’Arc de Triomphe, et lorsque Henriette aperçut devant elle, sous le vaste ciel étoilé, la large et ténébreuse avenue de l’Impératrice, où d’innombrables lanternes de voitures glissaient comme d’énormes feux follets, elle poussa un long soupir d’admiration et se tut, émerveillée.