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passe avec de lourds cahots, comme endormi.

Mais, autour de la porte de l’hôpital, les mesquins étalages de fleurs, de biscuits et d’oranges, l’entrée et la sortie des visiteurs, entretiennent un peu d’animation. Ce fut au milieu de ce rassemblement que, tout à coup, Armand aperçut Henriette à quelques pas devant lui.

Elle était vêtue d’une robe de rien du tout, bleue à pois blancs, mais qui moulait sa souple et svelte taille. Sur son méchant chapeau de paille brune frissonnait un gentil bouquet de bleuets, et, de sa main bien gantée, elle tenait sur son épaule son ombrelle ouverte. Elle était charmante ainsi, la Parisienne, et c’était la jeunesse même. En reconnaissant Armand, elle devint toute rose, et sa bouche épanouie, ses dents étincelantes, ses yeux de myosotis mouillés de rosée, sa chevelure blonde où pétillaient des points d’or, jusqu’à son humble et fraîche toilette, tout en elle sembla sourire.

Armand avait soulevé son chapeau, et, bien que son cœur battît à coups profonds, il allait passer outre, le niais ! Mais elle lui adressa un si gracieux : « Bonjour, monsieur », qu’il s’arrêta, et, voulant engager la conversation, ne sachant trop que dire,