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ppartenait à cette gamine des faubourgs, à cette fille du ruisseau de Paris. Il l’aimait sans doute, et il avait peut-être couvert de baisers cette horrible lettre, qui était écrite comme une note de blanchisseuse. Et elle n’avait rien vu, elle ne s’était méfiée de rien ! Oh ! l’aveugle, la stupide !

Comment ! c’était elle-même qui, par imbécile bonté, avait laissé pénétrer sous son toit, protégé cette drôlesse ? Mais voilà qui était plus fort. A présent, elle se rappelait avoir attiré l’attention d’Armand sur l’ouvrière, avoir parlé d’elle devant lui avec sympathie. Alors, c’était pour cela qu’elle avait consacré à Armand toutes les minutes de son existence, pour cela qu’elle avait supporté sans une plainte les longues années d’outrage et d’abandon de son mariage, pour cela qu’elle avait renoncé à l’espoir, à la certitude du bonheur en éloignant le colonel de Voris ! C’était pour que cet enfant surveillé comme un trésor d’avare, soigné comme une fleur de serre, pour que ce chef-d’œuvre maternel, sorti et créé de ses entrailles, de son dévouement, de son amour, devînt, en un instant, au premier appel du sexe, à la première poussée des sens, le régal d’une grisette, le caprice et l’amusement d’une fille ! Et