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tait. Pas un nuage au ciel, où triomphe le soleil blanc de l’après-midi. Le vagabond essuie alors son front couvert de sueur avec sa manche, et, levant la tête d’un geste brusque, il jette un regard sombre au ciel pur.


La veille, dans le gros bourg rural où il est arrivé vers le soir, il s’est présenté à toutes les portes, le feutre à demi soulevé, et il a demandé d’une voix rauque et humble :

« Est-ce qu’il y a une journée à faire, ici ? »

Partout on lui a répondu, après un regard du haut en bas, dans lequel se voyait la méfiance du paysan ou l’effroi de la ménagère :

« Non... Nous n’avons besoin de personne. »

Il lui restait trois sous. Il a acheté un morceau de pain, et, tout en mangeant, il a continué son chemin, du côté du crépuscule.

Un ruisseau d’eau vive coulait au bord de la route. Il s’est mis à plat ventre et il a bu à même.

Puis, quand la nuit fut venue, — une nuit de Juin, où palpitaient de larges étoiles, — il a sauté une haie, s’est installé dans un champ, avec son sac pour oreiller, et, comme il était harassé de fatigue, il a dormi jusqu’au lever du soleil.