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Elle s’épanouissait, rose victorieuse, dans le groupe des jeunes filles de la cour. Reine des amazones, à travers les taillis d’or et de flamme de la forêt automnale, elle suivait au galop les chasses de Compiègne. Elle était la célèbre Mlle Bianca Antonini, et la souveraine, conquise par cet effluve de sympathie, qui émane des êtres parfaitement beaux, ne passait jamais devant elle sans lui adresser quelques paroles douces et flatteuses, qu’elle écoutait les yeux baissés, avec une révérence confuse.

Mais voilà ! pas de fortune. Point de dot, ou à peu près. Sans doute, l’Empereur avait récompensé par un siège au Sénat les services du vieil Antonini,— une de ces fidélités où se combinent l’instinct du caniche et le fanatisme du mameluck, un de ces dévouements toujours prêts à se jeter entre la poitrine du maître et le poignard des assassins. Mais, excepté son traitement de sénateur, le vieux Corse ne possédait rien qu’une maison en ruines et quelques hectares de maquis dans le sauvage pays de Sartène.

D’une probité robuste, ce conspirateur, dont les yeux de bon chien et le sourire attendri sous une rude et grise moustache de gendarme faisaient