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D’abord, il n’avait essayé que de les effrayer. Tout le jardin avait été sali et enlaidi de chiffons rouges et de verres cassés pendus à des ficelles, et, dans les arbres principaux, se dressaient, horribles et les bras ouverts, des mannequins aussi mal mis que le soi-disant homme de lettres tombé dans la débine, qui surprend au saut du lit un confrère plus fortuné et lui extrait une pièce de cent sous. Mais les merles parisiens sont des incrédules et des sceptiques. Au bout de quelques jours, ils se moquaient des culs de bouteille et des linges écarlates et sifflaient sans vergogne sous le nez des épouvantails déguisés en poètes lyriques dont Alphonse Lemerre a refusé tous les manuscrits.

Alors l’amateur de jardin se fâcha, il devint féroce. Il acheta un fusil à deux coups, qu’il portait en bandoulière. Dès qu’il apercevait un merle juché, vite il mettait son sécateur en poche ou déposait son arrosoir, et pan ! pan ! l’oiseau était par terre. Le nombre de merles diminua. Fier de ce premier succès, leur ennemi chercha d’autres moyens de destruction, se souvint de la guerre d’Espagne et des