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Paris, — vous ne vous en doutez pas, monsieur, vous préférez vous occuper d’un tas de niaiseries, de la supériorité du scrutin de liste sur le scrutin d’arrondissement ; mais je sais cela, moi, — Paris, vous dis-je, a tout un délicieux peuple ailé. Pas de rossignols, hélas ! ni de loriots, ni de fauvettes. Ces divins chanteurs-là, Parisien, mon ami, ce n’est pas pour ton fichu nez. Mais, dans le verger dont je vous parle, on est assourdi, au printemps, par les moineaux, et, parole d’honneur ! j’y ai entendu le guilleri si leste et si gai du pinson. Mais ce qui pullule ici, surtout, ce sont les merles. Oh ! ce qu’il y a du merle dans ce verger, c’est incroyable ! « En bottes jaunes, en frac noir », comme dit Théophile Gautier, on les voit sautiller dans les allées, voler d’arbre en arbre, se percher sur les branches. Et très hardis, avec cela, très insolents, l’air de se moquer du propriétaire, qui les a en horreur ; car le merle, à ce qu’il paraît, c’est l’Attila, le Tamerlan des arbres à fruits.

Au mois de mai dernier, notre horticulteur a donc déclaré aux merles une guerre acharnée.