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Eh bien, cependant, c’est comme j’ai l’honneur de vous le dire. Le verger que je viens de vous décrire n’est pas un mythe, et il a son jardinier, — le propriétaire, — un inoffensif maniaque, qui n’a d’autre souci que sa récolte de fruits, qui ne vit que pour elle, qui s’inquiète de l’état du ciel, comme un paysan, implorant la pluie, ayant peur de la grêle. Oui, double Parisien que vous êtes, tandis que vous vous abonnez au Théâtre-Libre et que vous discutez avec passion sur le droit de l’auteur dramatique d’introduire — oui ou non — le mot de Cambronne dans le dialogue, un homme de mœurs douces et rurales vit tout près de vous, sans s’intéresser à ces questions palpitantes, cultive son jardin comme Candide, s’y promène, l’hiver, en sabots pleins de paille, l’été, en veste de coutil, et n’a pas de joie plus pure que de cueillir, à l’automne, quelques pommes et quelques poires, qui, vu le prix des terrains à Paris, lui reviennent à quatre ou cinq louis la pièce, et ne valent rien d’ailleurs, le sol et l’air n’étant pas favorables.

Or, ce brave homme, en sa qualité d’amateur de fruits, est l’ennemi né des oiseaux ; et