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Deux grands peupliers s’y penchent sous la brise en se murmurant leur éternel secret. C’est une oasis de verdure dans le désert pierreux de la grande ville. Et puis, comme le verger n’est entouré que de jardins ou de maisons assez basses, c’est un des rares coins de Paris, où, sans monter jusqu’au cinquième au-dessus de l’entresol, on ait devant soi un vaste espace de ciel, où l’on puisse voir courir les nuages, glisser les hirondelles, flamboyer les soleils couchants. Les casaniers, les rêveurs, les poètes, ou même, tout simplement, ceux qui aiment la belle lumière, devraient se loger par là. Mais ne le dites pas, je vous en prie. Les loyers augmenteraient.

D’ailleurs, vous ne me croyez pas, avouez-le. Un verger d’un demi-hectare, dans un quartier où le terrain vaut deux ou trois cents francs le mètre ? Allons donc ! Je vous connais, monsieur, vous êtes un homme pratique, un esprit sérieux, vous voyez l’affaire d’ici. Si ce morceau de Paris vous appartenait, il y a beau jour que tout ce coin d’idylle aurait été converti en bois à brûler et remplacé par une enfilade de cours sans air et