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Mais Fernande eut encore une fois son lugubre sourire.

— « La chemise que j’ai sur le corps n’est pas à moi, — répondit-elle, — et je dois trois cents francs à la patronne... Allez ! monsieur Michel, quand le vice vous prend une bonne fois, il vous tient ferme... Merci du bon conseil, tout de même, mais c’est impossible... Et puis, vivre tranquille, travailler ? Est-ce que je pourrais ?... »

En ce moment, une forte voix de femme cria derrière une portière à demi relevée :

« Réséda ! on a besoin de toi au petit salon. »

Fernande s’était levée, d’un coup, mécaniquement.

— « Tenez ! voilà qu’on me demande, — dit-elle au peintre, en reprenant sa voix de vieille et avec un regard dur, presque méchant. — Ici, je m’appelle Réséda... Adieu, monsieur Michel, ça m’a fait de la peine de vous revoir, et j’en ai pourtant assez comme ça, de la peine ! Adieu, ne pensez plus à moi, ou si vous y pensez, souhaitez-moi une bonne fluxion de poitrine, qui me retrousse en deux jours. »

Elle disparut, et Michel, profitant du désordre, — ses compagnons valsaient en ce moment avec