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Un quart d’heure après, toute la bande, après avoir gravi un étroit et sordide escalier, pénétrait dans le « salon » de Mme Dolorès, où sept ou huit malheureuses, en parures obscènes et ridicules, casquées d’énormes chevelures, étaient vautrées sur un divan circulaire. Elles saluèrent les nouveaux venus d’un « bonsoir, messieurs, » chanté par un chœur de voix traînardes et indifférentes, et Michel, entré derrière les autres, fut tout d’abord écœuré par une bouffée chaude où se combinaient les odeurs du tabac, du gaz, de la parfumerie grossière et de la chair de femme au rabais.

Tout de suite, on déboucha les cruchons, et l’un des jeunes gens se mit au piano. L’orgie à prix fixe commençait avec sa bêtise accoutumée.

Michel, absolument dégoûté, s’était assis dans un coin du salon, encombré par tant de monde. Il était content d’être oublié là et fumait cigarette sur cigarette.

Soudain, il sentit une main se poser sur son épaule.

— « Eh bien, monsieur Michel, vous ne me reconnaissez pas ? » lui demanda tout bas une voix rauque, une voix de vieille femme.

Michel se retourna et regarda la fille qui venait