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découvert, un jour, dans sa modeste garde-robe, une jupe encore très présentable, et y avait taillé pour la petite un costume qui, ma foi ! avait l’air presque neuf. Une fois même que Fernande était revenue avec la croix et avait été première en géographie, — à quoi diable ça pouvait-il lui servir de si bien dessiner sur le tableau noir la ligne du partage des eaux ? — maman Guérard, enchantée, avait fait cadeau à l’enfant d’une méchante paire de boucles d’oreilles, que la bonne femme conservait en souvenir de sa première communion.

Bref, les Guérard étaient en train d’adopter tout doucement la petite fille, quand « c’te pauv’ Sidonie », en retard de deux termes, fut assez brutalement congédiée de la maison et s’en alla demeurer très loin, aux Amandiers. Elle emmena naturellement Fernande, qui fit ses adieux aux bons voisins, le cœur gros et les yeux rouges, mais qui ne revint jamais les voir, malgré ses promesses, et qu’on finit par oublier.

Le temps passa. Michel Guérard obtint ses premiers succès au Salon et commença à gagner quelque argent. Oh ! pas beaucoup. Les toiles où ce peintre aime à fixer les types populaires sont