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trouva gentille, la fit poser pour un bout d’étude, et la maman Guérard la prit en amitié.

Cela faisait de la peine à l’excellente femme de voir cette jolie enfant polissonner dans la cour, — car sa mère revenait tard de son travail et l’école primaire fermait à quatre heures, — ou même quelquefois jouer à la main chaude sur le trottoir avec les deux gamins du savetier d’en bas, celui qui fredonnait, tout en martelant son cuir :

 
On les guillotinera,
Ces cochons d’propriétaires.
On les guillotinera,
Et le peuple sourira.


Mme Guérard séduisit donc la petite Fernande au moyen de quelques tartines de confitures. L’enfant venait chez les Guérard à la sortie de l’école ; la veuve lui faisait apprendre et réciter sa leçon du lendemain, puis la laissait jouer dans l’atelier de Michel, qu’elle amusait, et qui crayonna d’après elle vingt croquis.

Fernande trouvait là bien des douceurs. On la retenait souvent à dîner, et, si maigre que fût la cuisine des Guérard, elle l’était moins que celle de « c’te pauv’ Sidonie. » La vieille maman avait