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comme beaucoup de pauvres, ils trouvaient encore moyen de faire la charité.

Sur le même palier qu’eux, dans une affreuse mansarde carrelée, logeait une pauvre ouvrière avec sa petite fille.

La femme, que les gens de la maison appelaient tous : « c’te pauv’ Sidonie », n’avait jamais été mariée. Elle avait eu sa petite fille à dix-huit ans, âge où elle avait été presque jolie, — oh ! une saison seulement, juste le temps d’être trompée et abandonnée par un vaurien, et de perdre sa fraîcheur et sa santé dans une couche laborieuse ; — et depuis, elle avait toujours trimé pour gagner sa vie et pour élever son enfant. A trente ans, « c’te pauv’ Sidonie » avait le dos voûté, les tempes grises, et il lui manquait trois dents par devant. Elle était très courageuse, très honnête, et faisait des journées à n’importe quel prix.

La petite fille, nommée Fernande, avait l’air d’une bohémienne : un teint de citron mûr, de longues mèches de cheveux noirs et crêpés, et des yeux qui lui faisaient le tour de la tête, comme on dit dans les faubourgs.

Michel, l’ayant vue jouer dans l’escalier, la