Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/209

Cette page n’a pas encore été corrigée

en boue et en crachats, mais d’où l’on voyait l’immense Paris comme dans un panorama, avec ses tours, ses flèches et ses dômes, et là-bas, là-bas, son enceinte de collines, grises dans la brume.

Michel n’avait là qu’un vaste atelier et une sorte de cellule sans feu, où logeait Mme Guérard. Dès le matin, — oh ! la pauvre maman en bonnet de servante ! — elle venait tout ranger dans l’atelier, allumait le poêle, nettoyait les brosses, cachait le lit de sangle de son fils derrière un paravent, puis elle disparaissait, le laissant travailler tranquillement toute la journée. A peine l’entendait-il, de temps à autre, invisible et présente comme un génie familier, remuer les cendres de sa chaufferette dans sa petite chambre, ou souffler le feu pour faire cuire le dîner, dans l’étroite cuisine. C’est là que le fils et la mère faisaient des repas de poupée sur une petite table de bois blanc, et l’on y était bien, en Décembre, près de la chaleur du fourneau.

Michel « buchait » comme un manœuvre pour gagner le pain du jour, de la semaine, du mois. Il bâclait — de grand matin, en été, le soir à la lampe, l’hiver — des dessins sur bois pour les publications illustrées, et la maman Guérard faisait