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Avant de devenir célèbre en un jour, — le jour du vernissage d’il y a trois ans, où tout Paris devint amoureux de sa délicieuse Musicienne des rues, — le peintre Michel Guérard a connu la dure misère.

Sa mère, son admirable mère, qui n’a pas douté une minute de la vocation de son fils et qui est morte avec la fierté de le voir classé parmi les jeunes maîtres de l’école moderne, a vécu tout près de lui les terribles années d’épreuve, le consolant de sa tendresse, le fortifiant de son courage. Aussi, Michel, qui s’est évanoui de douleur, le jour de l’enterrement, au bord de la fosse ouverte, dans le cimetière Montmartre, ne prononce jamais ce mot : « ma mère », sans que sa voix tremble d’émotion, et le souvenir de la bonne et vaillante