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homme ou à plusieurs pendant tout le temps que je suis resté en prison, en prison à cause d’elle, me rend furieux... me fait voir rouge !...

Oui ! comme je le disais en commençant cet écrit, je pourrais, demain matin, déjeuner avec elle dans notre petite chambre, auprès de la fenêtre d’où l’on voit le grand jardin d’automne et les beaux arbres dorés. Oui ! ce serait délicieux... Mais si j’apercevais alors, dans les cendres du foyer, le bout de cigare de son « monsieur » de la veille, je serais capable de prendre un couteau sur la nappe et de le lui planter dans le cœur.

Je ne veux pas devenir un meurtrier. C’est bien assez d’être un voleur. Il vaut mieux mourir...

Mourir sans rancune contre elle, en me disant que ce qui est arrivé était inévitable, et qu’elle a été sincère, en somme, qu’elle m’a même peut-être un peu aimé, le jour où elle me fit cette promesse qu’elle n’a pas eu la force de tenir.

Adieu, Marguerite ! Tu n’es pas mauvaise au fond, et en lisant ceci, tu pleureras un instant, je le crois. Mais tout s’oublie, et plus tard, quand un de tes amants de rencontre s’amusera à te faire raconter ta vie, tu seras vaniteuse comme toutes tes pareilles, va ! Tu sauteras, pieds nus, hors du