soupçons. Mais quand je fus plus près d’elle, — oh ! l’ironie méchante des pressentiments ! — tout de suite, au premier regard, je vis à ses oreilles deux petites cicatrices encore fraîches !... Elle avait des bijoux, à présent, cette femme qui n’en voulait porter que de vrais et à qui je n’avais pu en payer qu’avec de l’argent volé ! Elle se mettait aux oreilles des perles fines ou des diamants, et, certainement, elle croyait faire preuve de délicatesse en m’en épargnant la vue !...
C’est depuis ce jour-là, c’est depuis qu’il ne m’est plus permis de conserver le moindre doute sur la trahison de Marguerite, que je songe à me tuer. Il y a de longs jours que ce devrait être fait. Mais quoi ! on est lâche, on a peur de la mort, et puis... et puis, il faut bien le dire, j’aime toujours cette femme, et, la nuit, sur mon grabat de détresse, je me tords dans des rêves qu’elle hante. Oh ! j’ai eu toutes les faiblesses ! J’ai songé à la reprendre quand même, telle qu’elle est redevenue ; j’ai songé à accepter tous les partages, toutes les abjections. Je me suis moqué de moi-même, j’ai raillé ma jalousie : « Tu es bien scrupuleux, dis donc, pour un voleur ! » Mais c’est plus fort que moi. La pensée qu’elle m’a trompé, qu’elle s’est vendue à un