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et me quitta presque joyeuse, s’imaginant que j’étais sa dupe.

Ainsi, Marguerite me trompait. Pendant que je subissais, à cause d’elle, le châtiment des voleurs, elle avait pris un amant, — que dis-je ? elle se louait peut-être à la nuit, comme autrefois, et pour des chiffons ! Je venais de lui voir une robe nouvelle, mais, la prochaine fois, — j’en aurais parié ma main droite, — elle aurait des gants neufs et un chapeau frais ; et toutes les menteries qu’elle venait de me débiter n’avaient d’autre but que de me préparer à l’apparition de ses futures toilettes. Et elle n’avait pas eu l’idée de remettre, pour venir me voir, ses pauvres vêtements, ou, si elle y avait pensé, elle n’avait pas voulu se montrer dans la rue avec une robe usée ! Non ! elle avait mieux aimé inventer d’imbéciles impostures ; elle avait probablement haussé les épaules en se disant : « Tant pis pour lui, s’il ne me croit pas ! » Oh ! la stupide, la vulgaire fille ! Et c’était pour « ça » que je faisais de la prison et que je m’étais déshonoré !

Mais, puisqu’elle était capable de cette infamie, puisqu’elle ne m’aimait pas, pourquoi revenait-elle me voir ? Eh ! parbleu, par niaise sensiblerie, par