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de la trouver à son gré. Marguerite n’était nullement coquette.

De plus, ce que j’avais prévu au moment où je méditais mon coup était arrivé. Marguerite avait été profondément touchée par ma coupable action ; elle y avait vu une preuve d’amour. A l’audience, elle avait pleuré des larmes sincères, s’accusant de m’avoir perdu, et, dès qu’il lui fut permis de me visiter dans ma prison, — elle se faisait passer pour ma sœur, — elle me montra, derrière la grille du préau, un visage pâli par le chagrin. Elle m’aimait enfin ! J’en étais sûr.

Je me souviens de notre première entrevue. Nous nous regardions tristement à travers le grillage en fer.

— « Alors, tu m’aimes un peu ? — lui dis-je. — C’est bien vrai ?

— Plus et mieux qu’autrefois, tu le vois bien.

— Naguère, tu étais si froide pour moi, cependant !

— Ce que tu as fait m’a bien changée, va !... Est-ce que je pouvais croire que tu m’aimais à ce point-là ?... Mets-moi à l’épreuve.

— Il n’y en a qu’une qui me convaincrait.

— Laquelle ?