tons de papier peint. Deux femmes vinrent à notre rencontre. La plus grande, une brune très maquillée, — le type de la fille de restaurant nocturne, — connaissait un de mes compagnons ; elle nous demanda effrontément de lui payer à boire. On s’attabla, et je m’assis auprès de l’autre femme, de la blonde, déjà séduit par son délicat et gracieux visage, par son maintien réservé, presque timide. Il était facile de voir qu’elle ne courait les bals que depuis très peu de temps. Point de bijoux et une pauvre robe noire déjà usée, une robe d’honnête fille.
Son chapeau seul, un feutre tapageur à plume rose, autorisait le premier venu à lui dire : « Viens-tu souper ? » Ce chapeau était une enseigne.
Nous causâmes : sa voix était douce comme ses yeux. Aucun cynisme. Un de mes camarades lui ayant adressé un compliment brutal, elle ne lui répondit que par un sourire gêné, où il y avait de la politesse, de la résignation et du dégoût. Elle charmait en inspirant la pitié, et elle me fit songer — je n’ai pourtant rien d’un poète — au reflet d’une étoile dans le ruisseau. Dans le premier baiser que je lui donnai, lorsque nous fûmes