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trot, et la pauvre fille tombera en pleurant sur ma poitrine. Quel baiser !

Nous rentrerons chez nous, dans notre chambre haute de la rue Madame, d’où l’on voit tout le jardin du Luxembourg. Par cette belle fin de Septembre, si sereine et si pure, les arbres doivent être admirables avec leurs feuilles flétries. Nous dresserons le couvert auprès de la fenêtre ouverte ; un doux rayon de soleil caressera la nappe blanche et fera étinceler la vaisselle, et nous déjeunerons gaiement, sans pouvoir nous quitter des yeux, nous taisant, attendris, ou bavardant et faisant mille projets. Après m’avoir versé mon café, Marguerite viendra s’asseoir auprès de moi, comme jadis ; elle joindra sur mon épaule ses deux mains, et posera dessus son gentil menton, en me regardant de tout près. Je respirerai sa fine odeur de blonde, ses cheveux chatouilleront mes lèvres, je lui montrerai le lit du doigt, son clignement d’yeux consentira ; et alors, vite, vite, je fermerai les volets, la fenêtre, les rideaux, elle allumera les bougies, j’arracherai mes vêtements, et, tandis qu’elle se déshabillera, plus lente, je l’attendrai, frémissant, le coude dans l’oreiller, et tant mieux si mon cœur éclate et si je meurs de joie, quand je