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Marguerite, qui m’a promis de m’attendre dans un fiacre à la sortie de la prison. Je serai libre !

Je serai libre, et je pourrai encore être heureux ; car Marguerite, pour qui j’ai commis ce vol, me jure dans sa lettre d’hier qu’elle m’aime toujours et que nous vivrons ensemble comme mari et femme, ainsi qu’autrefois. Dans ce grand Paris où l’on peut cacher facilement son passé, un garçon comme moi, énergique, payant de mine et ayant l’instinct du commerce, — avant mon malheur, mon patron songeait à me prendre pour associé, — un garçon comme moi, dis-je, finira bien par trouver une place. Je me sens plein d’un indomptable courage, et je suis prêt à travailler comme un cheval d’omnibus pour gagner ma vie et celle de Marguerite.

D’ailleurs, à plus tard les affaires sérieuses. Ne pensons qu’à demain, à demain dont je suis sûr et qui sera délicieux. Dès que j’aurai franchi la porte de la prison, j’apercevrai dans l’ombre de la voiture le joli visage de Marguerite, pâle d’émotion sous la voilette. Je jetterai l’adresse au cocher en lui donnant cent sous pour qu’il aille bon train, je sauterai dans le fiacre, qui partira au grand