lui parlerai ce soir. »
« La réponse fut telle que je la redoutais, polie, mais formelle. « Jamais, et pour rien au monde, la comtesse ne consentirait à ce que sa fille se mésalliât. » Le pauvre baron avait plaidé vainement pendant deux heures. Il dut me rapporter, en propres termes, le cruel refus, et l’atroce sensation que j’éprouvai en ce moment-là doit être celle d’un homme à qui l’on coupe le visage d’un coup de cravache.
« Les larmes vinrent ensuite... Oui ! mon cher, j’ai pleuré sur l’épaule de mon vieil ami, et je n’en rougis point. N’a pas qui veut pleuré d’amour.
« Je ne pouvais rester à Copenhague. Je demandai et obtins un congé. Le jour de mon départ, le baron, qui me conduisit à la gare et eut pitié de ma mortelle tristesse, me dit, au dernier moment :
« — Mon ami, je n’ai pas le courage de vous cacher une chose qui va vous faire à la fois peine et plaisir... Je suis allé hier chez ces dames... Elsa est triste. »
« Ainsi, la chère enfant m’aurait aimé ! Je m’en doutais bien un peu ; mais il n’y avait pas là de