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douleur pour elle, au cas où il aurait jeté des racines profondes et où Mme de Hansberg m’eût repoussé malgré tout.

« Mon chef respecté, mon vieil ami le baron de N..., s’offrait à moi comme un conseiller naturel. L’excellent homme, chez qui trente ans de vie diplomatique n’avaient pas éteint la sensibilité, accueillit ma confidence avec la bonté la plus touchante. Je fus éloquent, sans doute, en lui parlant de mon amour et de mes craintes, car, lorsque j’eus fini, le baron était très ému et fut obligé d’essuyer les verres de ses lunettes.

«  — Je n’ai pas toujours porté perruque, mon cher enfant, — me dit-il enfin avec un triste sourire, — j’ai connu ce tourment-là, il y a bien longtemps, et je voudrais vous donner de l’espérance. Malheureusement, la comtesse est comme le don Carlos d’Hernani... Vous vous rappelez les beaux vers d’Hugo :

L’Empereur est pareil à l’aigle, sa compagne ; A la place du cœur il n’a qu’un écusson.

J’ai bien peur que vous ne vous heurtiez à un invincible parti-pris... Enfin, ne vous découragez pas encore. J’ai quelque influence sur l’esprit de Mme de Hansberg et je