Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/171

Cette page n’a pas encore été corrigée

blonds, d’une lourdeur d’esprit et de corps désagréablement germanique, sans séduction aucune. Je m’aperçus bientôt — avec quelles délices ! — qu’Elsa préférait ma société à la leur et me traitait avec une bienveillance marquée. Ce cœur candide ne se rendait probablement pas compte de ce qui se passait en lui, mais une fleur de sympathie s’y épanouissait pour moi.

« Être aimé d’elle, quel espoir ! Je ne le conçus cependant que mêlé à une terrible inquiétude. Mme de Hansberg, je te l’ai dit, avait tous les préjugés et les dédains aristocratiques. Malgré ma fortune respectable, malgré mes débuts dans la « carrière » qui avaient été très brillants, cette femme altière voudrait-elle donner Elsa à un jeune homme de bonne famille, mais qui s’appelait Georges Plessy, tout court ? Je n’osais guère l’espérer. Pourtant la comtesse paraissait aimer beaucoup sa fille unique, et elle s’humaniserait peut-être devant une inclination manifeste. C’était ma seule chance de succès. D’ailleurs, je n’avais qu’un parti à prendre, faire ma demande, et sans retard ; car je me serais reproché comme une mauvaise action de laisser croître, d’entretenir dans le cœur d’Elsa un sentiment qui aurait pu devenir une