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Charles XII, qu’on garde pieusement dans les galeries de Fréderiksborg ?

« Le baron de N..., comme tous les hommes vraiment bons, aimait beaucoup la jeunesse, et il me prit tout de suite en grande affection. Non seulement il me patronna dans la haute société, comme c’était un peu son devoir, mais il voulut m’introduire chez ses amis particuliers. C’est ainsi qu’il me présenta chez la comtesse de Hansberg, où il faisait son whist deux fois par semaine.

« Veuve d’un chambellan du roi et médiocrement fortunée, Mme de Hansberg, beauté jadis célèbre, avouait quarante-cinq printemps et vivait avec sa fille Elsa, très jolie personne, disait-on, mais à peu près sans dot. Dans de pareilles conditions, n’est-ce pas ? ce salon aurait été désert à Paris. A Copenhague, tout au contraire, on considérait comme un très grand honneur d’être admis chez la comtesse ; car, là-bas, on croit encore pour de bon à l’aristocratie, et Mme de Hansberg était effroyablement noble. Oui ! dans ce temps de blasons à vendre, elle aurait pu être admise d’emblée chez les chanoinesses de Remiremont, dans ce célèbre chapitre où, sous l’ancien régime, les filles de France n’entraient que par ordre du