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à mon égard me font un devoir de n’user que très discrètement des droits qu’il veut bien me laisser sur ma fille. Cependant, je ne donnerai mon consentement à votre mariage avec elle que quand vous aurez répondu loyalement, sincèrement, sur votre honneur, à l’unique question que je veux vous adresser : Aimez-vous Simonne ? »

« Ces paroles directes dissipèrent soudain l’espèce d’hallucination où m’avait jeté la présence de Mme Daveluy et me ramenèrent au sentiment de la réalité. Mon honneur interpellé eut horreur d’un mensonge, et, bravant tout ridicule, je répondis :

« — Je vous ai vue, madame, et je sais seulement à présent combien un mariage sans amour peut être fécond en malheurs. J’interroge ma conscience avec anxiété et je n’ose vous répondre oui. »

« Brusquement, Mme Daveluy se leva, alla vers une fenêtre du salon, l’ouvrit et resta là, debout, en s’appuyant, comme étourdie, sur la balustrade. J’aperçus par cette fenêtre un de ces jardins cachés, comme il y en a encore dans le quartier des hôtels et des couvents, un grand verger dans toute son opulente beauté d’automne. Les