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projets, si vous persistez à vouloir entrer dans ma famille. Dans ce cas, j’écrirai... je prendrai sur moi d’écrire à Mme Daveluy ; elle viendra à Paris, vous irez la voir, et, si vous lui convenez, comme j’en suis certain, ce mariage sera une chose faite. »

« Je fus touché de la délicatesse de ce brave homme, qui me donnait ainsi le temps, non seulement de réfléchir, mais de prendre des informations, et j’écrivis sans retard à Lyon, où j’ai de sûrs amis.

« J’appris par eux que, depuis dix ans, Mme Daveluy vivait dans la retraite la plus absolue, quoiqu’elle fût encore fort belle, et qu’elle avait fait oublier, par une conduite irréprochable, l’unique mais éclatant scandale de sa jeunesse. Mariée à seize ans à M. Daveluy par les soins d’une mère cupide, et après dix-huit mois d’un exécrable ménage, elle s’était fait enlever publiquement par un jeune compositeur de musique, avec qui elle avait vécu à Florence, où il était mort de la poitrine, cinq ans après. Elle était alors revenue s’établir à Lyon, auprès d’une vieille tante, et les plus mauvaises langues de la ville avaient fini par se taire sur son compte, tant sa vie nouvelle était inattaquable.