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ennui, dix fois, quinze fois, vingt fois, jusqu’à l’étourdissement. Un intérieur, avec une aimable femme et de jolis enfants, ce serait bien bon. Je n’étais pas amoureux fou de Mlle Simonne, soit. Mais serais-je le premier qui ferait un mariage de raison ? Ces unions-là sont heureuses, presque toujours. On croit d’abord n’avoir pour sa femme qu’une solide affection, qu’une profonde estime, et puis, un beau soir qu’on est avec elle auprès du berceau du premier bébé, on s’aperçoit qu’on l’adore... Bref, la vieille dame, la marieuse, ayant renouvelé ses avances, je pris le grand parti et la priai de demander pour moi la main de Mlle Simonne.

« Le lendemain du jour où cette demande fut faite, M. Daveluy m’invita, par un court billet, à venir causer avec lui. J’accourus. Il me tendit silencieusement les deux mains, et, m’entraînant dans une allée écartée de son parc, il me dit avec sa bonhomie accoutumée :

« — Mon cher capitaine, vous me plaisez et vous plaisez à ma fille. Vous deviendrez donc mon gendre, je l’espère, et je crois que nous nous entendrons à merveille. Mais avant tout, avant même de parler de votre demande à Simonne, je vous