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plusieurs jours devant ce mariage qui n’avait rien de romanesque et qui me rappelait le dénouement de toutes les comédies de M. Scribe. — Parlons sérieusement. Ce n’était pas là l’idéal de toute ma jeunesse, l’amour vraiment partagé, l’union absolue de deux âmes. Dans mon cœur, que j’interrogeais en honnête garçon que je suis, je ne trouvais pour Mlle Simonne que sympathie et bonne amitié. Mais, après tout, n’était-ce pas le bonheur de ma vie qui se présentait et que j’allais laisser échapper ? Mes rêves d’autrefois étaient probablement absurdes. Est-ce que cela existe, la femme prédestinée ? Quelle bêtise de se laisser vieillir en attendant le coup de foudre !

« Et puis, pour moi, comme pour tous les soldats, l’avenir n’était pas drôle. On ne ferait plus la guerre de longtemps, c’était bien sûr ; la pauvre France avait reçu un trop mauvais coup. Elle allait recommencer, l’insipide existence de garnison ; je les retrouverais, aussi monotones qu’avant, le « mess » d’officiers, avec ses sauces de gargotte, le café aux patères coiffées de képis, et la musique militaire, sur le mail, jouant des nouveautés comme l’ouverture de Zampa, la musique autour de laquelle on promène en rond son