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« Cependant il n’y avait pas trace d’amour, comme tu le vois, dans mon sentiment pour Mlle Daveluy ; aussi fus-je profondément surpris le jour où une vieille dame, une amie de la famille, — marieuse comme la plupart des vieilles dames, — me donna discrètement mais clairement à entendre que je plaisais à Mlle Simonne et qu’il ne dépendait que de moi de l’épouser. On ajoutait que je devais réfléchir et qu’il s’agissait là d’une occasion de fortune inespérée. Capitaine à vingt-huit ans, avec une croix d’honneur bien gagnée et quelques débris de patrimoine, j’étais sans doute un parti présentable ; mais Mlle Daveluy aurait, le jour du contrat, une dot de cinq cent mille francs, payés comptant, et elle devait hériter, à la mort de son père, de plus de quatre millions irréprochablement acquis par M. Daveluy dans l’industrie des charpentes en fer, du temps des grandes bâtisses, sous l’Empire.

« Je ne t’étonnerai pas, bien sûr, en te disant que, ce soir-là, quand je fus seul dans ma chambre du pavillon Henri IV, je me sentis extrêmement tenté de saisir le magnifique cadeau que m’offrait la destinée : une femme charmante et une grande fortune. Pourtant j’hésitais... oui, j’ai hésité pendant